« Ne pas pouvoir faire ses courses de l’autre côté de la frontière est bon pour le trésor public », voilà ce que l’on pouvait lire dans les médias en début de semaine. La Fevia, la fédération de l’industrie alimentaire, a calculé que la fermeture des frontières a eu pour conséquence que les Belges de la région frontalière achètent (par nécessité) plus de nourriture et d’alcool dans leur propre pays et non de l’autre côté de la frontière où ils vont habituellement acheter ces produits parce qu’ils y sont moins chers.  Résultat : 40 millions supplémentaires en TVA et accises. Bonne nouvelle ? Cela dépend de la façon dont on voit les choses…

Cimabel, la fédération belgo-luxembourgeoise des fabricants de cigarettes, est bien sûr heureuse pour Fevia et pour ses membres. Mais savoir s’il y a lieu de se réjouir pour le trésor public est une autre histoire. Après tout, il y a aussi un inconvénient. Le fait que les Belges ne puissent plus faire leurs achats de l’autre côté de la frontière est une chose, mais cela signifie également que les consommateurs des pays voisins ne peuvent plus faire leurs achats dans notre pays. L’une des conséquences de cette situation est l’arrêt complet des ventes de tabac du côté belge de la frontière avec les Pays-Bas et la France. Et cela aussi a un prix, un prix qui est nettement plus élevé que les 40 millions de recettes supplémentaires provenant des ventes de nourriture et de boissons.

La fermeture des frontières a réduit les recettes publiques provenant des droits d’accises et de la TVA sur les produits du tabac de 61,5 millions d’euros. Après tout, n’oublions pas que 80 % du prix payé par le consommateur pour un paquet de cigarettes est constitué de taxes et va donc directement au trésor public.

L’effondrement des ventes frontalières avec la Grande-Bretagne nous a déjà coûté 161 millions d’euros

Auparavant, les ventes frontalières avec la Grande-Bretagne avaient été complètement interrompues. Sur la période 2016-2019, les consommateurs britanniques ont complètement ignoré la Belgique. Cela a entraîné une perte de revenus de 162 millions d’euros.  En raison de la réorientation fiscale radicale du gouvernement précédent, il était devenu beaucoup plus intéressant et moins cher pour les Britanniques d’utiliser les compagnies aériennes à bas prix pour acheter des produits du tabac dans des pays comme la Pologne, le Portugal ou l’Espagne.

Le commerce transfrontalier du tabac constitue une importante source de revenus pour le Trésor belge.

Cimabel espère que cette perte considérable pour le gouvernement sera un signal d’alarme sur l’importance du commerce frontalier des produits du tabac pour nos finances publiques. La vente de produits du tabac le long de la frontière avec les Pays-Bas et la France constitue un apport financier important pour le trésor belge. Notre pays ferait donc bien d’adopter une politique d’accises réaliste et réfléchie qui empêche les consommateurs étrangers de bouder définitivement la Belgique, même après la réouverture des frontières. Si le gouvernement s’en tient à son projet d’augmenter radicalement les droits d’accises chaque année au cours de la période 2021-2024, de nombreux magasins frontaliers fermeront définitivement leurs portes et le trou dans le budget s’agrandira chaque année. Cimabel appelle le ministre des finances Van Peteghem à ne pas commettre l’erreur de couper la perfusion du commerce frontalier. Le président Macron et le premier ministre Rutte ne verseront pas une larme. Le contribuable belge par contre en versera d’autant plus.

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