Notre pays perd un peu plus de 2 milliards d’euros de recettes fiscales, car de plus en plus de fumeurs belges s’approvisionnent via des canaux alternatifs et moins chers, échappant ainsi au contrôle du fisc. C’est ce que révèle une nouvelle étude, qui constate que 36,5% des cigarettes consommées en Belgique n’ont soit pas été achetées dans le pays, soit sont contrefaites. Les hausses excessives des droits d’accises mises en place par le précédent gouvernement poussent de plus en plus de Belges vers le marché noir. Résultat : entre 2020 et 2024, un déficit budgétaire de 692 millions d’euros s’est creusé. Le secteur du tabac appelle donc le nouveau gouvernement fédéral à revoir en profondeur la politique d’accises sur les cigarettes et le tabac à rouler.

Sur 36,5% des cigarettes consommées en Belgique au deuxième trimestre 2024, aucune taxe n’a été payée dans le pays. C’est ce qui ressort des résultats les plus récents d’une étude pluriannuelle* commandée par Cimabel, la fédération belgo-luxembourgeoise des fabricants de cigarettes, dont les dernières données ont été collectées du 14 octobre au 8 novembre 2024.

Cette tendance est en hausse constante et atteint aujourd’hui des proportions exceptionnelles. En comparaison avec les résultats de l’étude d’un an plus tôt, la part des cigarettes échappant au fisc est passée de 19,5% à 36,5%, soit une augmentation de 87,18%. Parmi ces 36,5%, 1% sont des contrefaçons, donc illégales. Le reste concerne des cigarettes légales achetées en dehors de la Belgique, principalement dans des pays où les prix sont plus bas en raison d’une pression fiscale moins élevée. Ces cigarettes arrivent de plus en plus facilement en Belgique, grâce à des réseaux criminels bien organisés qui importent massivement des cigarettes bon marché pour les revendre ici avec des marges importantes.

Sous le gouvernement De Croo, le prix moyen en magasin d’un paquet de 20 cigarettes est passé de 6,39€ à 10,57€ (soit une augmentation de 65,4%). Ces hausses excessives des accises incitent chaque année davantage de fumeurs à rechercher des cigarettes bon marché sur le marché noir.

Près de la moitié des cigarettes illégales proviennent de Bulgarie

Il est frappant de constater que plus de la moitié des cigarettes illégales proviennent de Bulgarie (56,3%). Étant donné que le prix d’un paquet en Bulgarie est trois à quatre fois moins cher qu’en Belgique – avec un coût moyen de 3,07€ – il n’est pas surprenant que la contrebande de cigarettes depuis ce pays représente un modèle économique attractif.

Des cigarettes bon marché en provenance du Luxembourg (19,7%) et de la Turquie (6,6%) sont également prisées des consommateurs en Belgique. Le top 10 des pays d’origine est complété par l’Albanie, l’Allemagne, la Roumanie, la Pologne, la Grèce, la France, le Maroc et la Macédoine du Nord. À l’exception de la France, tous ces pays proposent des cigarettes bien moins chères qu’en Belgique.

Le fait que certains de ces pays ne soient pas des destinations touristiques populaires et soient relativement éloignés du territoire national renforce l’hypothèse de réseaux organisés qui répondent rapidement et efficacement à la demande croissante de cigarettes bon marché, provenant de consommateurs belges cherchant à contourner les accises élevées.

Les douanes belges méritent des éloges, mais la politique d’accises doit être réévaluée

La fédération du secteur Cimabel continue d’attirer l’attention sur la nécessité de prendre au sérieux le commerce illégal du tabac et la contrebande. Les efforts des services de douane belges, qui ont réalisé ces dernières années des saisies record de cigarettes illégales, méritent d’être salués.

Toutefois, ces efforts ne sont qu’un traitement symptomatique tant qu’aucune révision réfléchie de la politique d’accises n’est envisagée. Tant que les taxes sur les produits du tabac augmenteront de manière drastique chaque année, la demande de cigarettes bon marché continuera de croître et les organisations criminelles poursuivront sans relâche leurs activités illégales sur notre territoire.

En interdisant également des alternatives moins nocives, comme les produits du tabac chauffé et les sachets de nicotine (qui restent pourtant légaux dans la plupart des autres pays de l’UE), le gouvernement belge pousse les consommateurs vers des réseaux criminels bien organisés.

Cimabel appelle donc le gouvernement fédéral à ne pas fermer les yeux sur cette réalité, une fois encore confirmée par cette nouvelle étude. La spirale des augmentations successives des accises ne fonctionne pas, bien au contraire. La seule certitude est que l’État perd des recettes, tandis que les organisations criminelles engrangent de plus en plus de profits. Le plan interfédéral antitabac**, élaboré par le précédent gouvernement et prévoyant pour les années à venir « une augmentation significative du niveau général des prix et la suppression des différences de prix entre les différentes catégories de produits du tabac », doit être profondément réévalué.

* Empty Pack Survey – Belgium Q4 2024, WPSM Group, janvier 2025

** Stratégie interfédérale 2022-2028 pour une génération sans tabac, objectif 2 

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